La Chine, première étape de notre voyage nous a réservés de sacrées surprises. Il faut dire qu’on ne s’était pas vraiment préparés à l’avance. De la Chine, nous avions quelques clichés en tête, comme les chapeaux pointus, ou les pandas. Mais finalement, nous ne savions qu’assez peu de choses des Chinois…
C’est une fois sur place donc que nous avons découvert ce peuple étrange, dans le sens étranger de nous. Différent, tellement différent.
Autant pourtant le chinois est présent partout dans le monde, autant finalement, on ne le connait pas vraiment.
J’avouerai que nous avons été plutôt interloqués, pour ne pas dire choqués par ce peuple. Choqué ne veut pas dire outré, rappelons le bien. Choqué, c’est prendre un choc, c’est tout. Il n’y a pas de jugement donc dans nos propos. Bref.
Nous aurons l’occasion de revenir là-dessus. Aujourd’hui, nous vous proposons un petit aperçu des « chinoiseries chinoises », de celles qui nous ont marqués et que l’on pourrait mettre par exemple dans la rubrique « sociologie ».
Ça pourrait s’intituler : « Pourquoi les Chinois crachent-ils ? »
Puis nous verrons plus tard : « Pourquoi les chinois se baladent ils le ventre à l’air ? »
Le sujet peut paraitre bien léger, et pourtant il en dit long sur la société chinoise actuelle.
Alors, oui, déjà le chinois crache. Beaucoup. Et fort. Paul Théroux, dans son livre « La Chine à petite vapeur » décrit d’ailleurs très bien le phénomène :
« Les Chinois passent leur temps à cracher. Ils se raclent la gorge si bruyamment que la conversation devient inaudible — on dirait le son d’un motoculteur ou de quelqu’un qui nettoie une gouttière, ou encore les derniers litres d’eau d’un jacuzzi en train de se vider. Ils aspirent avec leurs joues : Kurrrkh ! puis ils grimacent, mettent leurs dents en position et se penchent. Vous vous attendez à un jet d’au moins cinq mètres, comme un cow-boy dans la pampa, mais non, ils ne lui impriment aucune force. Ils crachent rarement à plus de de quelques centimètres. Ils ne crachent pas juste et loin, ils crachent vers le bas ; voilà la différence culturelle essentielle que je mis un an à découvrir en Chine. Ce n’est pas un tir net en plein dans le crachoir, c’est une dégoulinade qui coule à l’extérieur de ce répugnant réceptacle. Ils se plient en deux lorsqu’ils crachent, avec une flexion des genoux et une courbure de l’échine en guise de préliminaire. Il n’y a rien d’agressif. C’est presque silencieux. Ils laissent tomber le glaviot et poursuivent leur chemin. »
Nous avons découvert la pratique à Pékin, et elle nous a suivis tout le long de notre aventure chinoise.
Alors, celui qui n’est pas allé en Chine se demandera pourquoi on en fait un tel foin, c’est vrai quoi, que celui qui n’a jamais craché me jette la première pierre ! Mais en Chine, c’est culturel, c’est dans les mœurs, on pourrait même dire que ça relève de la santé publique.
Pour rendre à César ce qui lui appartient, il faut avouer que la pratique était courante en France également jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Cracher permet après tout de se débarrasser de corps étranger, de se nettoyer les bronches, et le nez non ? De virer ces microbes plutôt mauvais pour le corps. Qui, enrhumé, n’a jamais senti le besoin pressant de se débarrasser de ses glaires ? Jusqu’il n’y a pas très longtemps donc, cracher se faisait aussi par chez nous. Cracher par terre, je précise, à tout va. Cracher comme un chinois.
C’est finalement Pasteur qui met fin à cette belle coutume en démontrant le principe de propagation des maladies comme la tuberculose, et de contamination par les bactéries expectorées de la sorte. Un décret datant du 22 mars 1942 stipule ainsi qu’« il est interdit de cracher en dehors des crachoirs prévus à cet effet », le contrevenant s’exposant alors à une amende de 2e catégorie ! La loi est toujours en vigueur, et il arrive encore aujourd’hui que des gens se fassent pincer pour ça.
De la fin du 19e siècle avec Pasteur, aux années 1960 où l’on supprime progressivement les campagnes anti crachat, on peut dire que la France a mis le temps à prendre le pli !
Mais aujourd’hui, le Crachat, si cher à Léo Ferré est presque banni de la société, et ceux qui l’utilisent le font plutôt à des fins identitaires que véritablement hygiéniques.
Mais revenons en Chine.
Leur manie viendrait également de leur médecine traditionnelle : il ne faut conserver aucun polluant à l’intérieur de soi, tous les déchets doivent être immédiatement expulsés.
Ce que l’on prend pour de la saleté est donc au contraire une preuve d’extrême souci de l’hygiène corporelle. Malheureusement, le problème est le même qu’ailleurs : la tuberculose, ne connaissant ni les frontières ni les règles diplomatiques, envahit également le pays du soleil levant. Pour contrer ces risques sanitaires, les Chinois mettent alors en place les fameux crachoirs. On dit d’ailleurs que les chefs d’État ne se baladaient jamais sans leur récipient.
Alors qu’il disparut de